Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 avril 2022 2 12 /04 /avril /2022 15:38
Déborah a toujours été fière de sa fille Shirel, engagée dans Magav, la police des frontières israélienne. Crédit photo : DR

Déborah a toujours été fière de sa fille Shirel, engagée dans Magav, la police des frontières israélienne. Crédit photo : DR

Depuis cette fameuse nuit du 28 mars qui lui a coûté la vie dans un attentat terroriste perpétré par l’État islamique à Hadera, Shirel Aboukrat est devenue la fille de tout Israël. Cette jeune policière franco-israélienne de 19 ans, qui est née à Marseille et a fait l’Alya avec ses parents à l’âge de trois ans à Ramat Poleg près de Natanya, est morte en héroïne, sauvant la vie de centaines et centaines de citoyens israéliens au détriment de la sienne. Alors que la situation est encore tendue dans le pays, sa maman Déborah a accepté de sortir du silence pour nous livrer sa peine et nous raconter qui était son ange partie trop tôt.

Bonjour Déborah. Tout d’abord, je vous présente toutes mes condoléances et je vous souhaite beaucoup de courage et de force mentale pour traverser cette épreuve…

Oui il va m’en falloir énormément !

 

Comment vous vous sentez ? Vous tenez le coup ?

Non, la vérité, je vis un véritable cauchemar ! D'un côté, je me dis que ma fille est à l’armée et que je vais la revoir shabbat prochain et d’un autre côté, cette demi-heure cauchemardesque me hante dans ma tête : partant du moment où j’ai su qu’il y avait eu un attentat à Hadera jusqu’à l’instant où ils sont venus taper à ma porte pour m’annoncer la triste nouvelle. Quand je repense à cette scène, j'ai juste envie de tout m'arracher, de crier, de tout casser ! Cela me fait mal, vous n’imaginez pas à quel point !

 

Il faut vous laisser du temps...

Oui c’est comme si je réalise et je ne réalise pas en même temps. Ce matin, nous étions au cimetière, c'était très très dur. Car là, on reçoit la vérité en pleine figure !

 

Comment avez-vous appris la nouvelle ?

J'étais chez moi lorsque j’ai reçu plein de notifications sur mon téléphone comme quoi il y avait eu un attentat à Hadera. Je suis alors rentrée sur le site d’un média pour lire l’article. Au départ, ils parlaient d'une victime de vingt ans. Or, ma fille en a dix-neuf. De plus, j’étais persuadée qu’elle était déjà arrivée à sa base donc je n’ai pas pensé une demi seconde que cela pouvait être Shirel ! Sous l’article, il y avait une vidéo que j’ai essayé d’ouvrir mais cela n’a pas marché. Merci mon Dieu ! Par la suite, j’ai envoyé un message à mon fils Alon pour l’informer de l’attentat. Il était déjà au courant. Quelques minutes après, il me réclame le numéro de la commandante de sa sœur. Je l’interroge : « Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? ». Il me répond : « Tout va bien, je veux juste demander quelque chose à Shirel et comme je n’arrive pas à la joindre, je vais passer par sa commandante. » J’insiste. Je sens qu’il me cache quelque chose. Mais il m’assure que non. Quelques secondes plus tard, une amie d'enfance de Shirel m’appelle. Elle veut savoir si je suis seule et demande à parler à Andréa, la copine de mon fils. Là, j’ai commencé à paniquer : « Dites-moi qu’est-ce qui se passe !!! » Elle me promet que c'est la copine de Shirel qui a été blessée dans l'attentat. Je rappelle alors mon fils hystérique qui maintient le même discours et là, pendant que je lui parle, j’entends taper à ma porte… Je vous assure, c’était comme dans les films ! Mon fils au téléphone me dit d’ouvrir et moi, je crie : « Non je ne veux pas ! » Finalement, j’ouvre la porte en larmes, je vois des personnes en uniforme et je hurle : « Dites-moi que ce n’est pas ma fille ?? » Le policier me fait un signe de la tête. Je comprends que c’est bien elle et j’éclate en sanglots : « Dites-moi qu’elle est juste blessée ? » Après, je ne me souviens plus trop de rien. Je sais juste que je me suis jetée par terre, que je n'ai fait que hurler et pleurer pendant des heures. Je voulais juste voir ma petite fille... En un rien de temps, des dizaines et des dizaines de personnes se trouvaient devant chez moi. De là, ma vie a basculé et depuis, je vis un véritable enfer. Un enfer inexplicable.

 

Vous saviez que Shirel était à Hadera ce soir-là ?

Non. D’habitude, lorsqu’elle passe le shabbat à la maison, elle repart le dimanche matin par un bus direct de Netanya pour Hadera et de là, elle prend un autre bus pour retourner à sa base ; mais là, exceptionnellement, elle s’était rendue à un cours à Béthel à côté de Jérusalem. Au retour, elle s’est arrêtée à Hadera manger un bout avec ses amis et ensuite, ils se sont rendus à l’arrêt de bus pour rentrer à la base. C’est là que s’est produite l’attaque du terroriste.

Ressentez-vous de la colère ?

Je ne saurais même pas expliquer ce que je ressens. Au départ, j’allais devenir folle. Je demandais à Dieu : « Pourquoi nous ? On n'a jamais rien fait de mal ! Shirel était vraiment une gentille fille. Elle n’avait que 19 ans. Elle n’a rien vu de sa vie ! » Je partais vraiment dans un délire très négatif. Mais mon fils m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit « Maman promets-moi que l'on va s'en sortir, que tu vas tenir le coup pour moi et moi, je tiendrais le coup pour toi ! Promets-moi que l’on va vivre toutes les choses que Shirel voulait vivre et que l'on va mener une belle vie pour elle ! » Et j’ai promis ! J’ai promis à mon fils de rester forte donc je n'ai pas le choix ! Mais c’est tellement dur…

 

J’imagine que vous passez par toutes sortes d’émotions…

Je ne veux pas me laisser aller à avoir de la colère contre Dieu parce que sinon, je risque vraiment de péter un câble ! Mais oui, je suis en colère ! En colère contre les juges qui ont relâché ces deux spécimens alors qu'ils étaient dangereux ! Je suis en colère car ma fille a l’habitude de ce genre de situation, elle est entraînée pour être sur le qui-vive et se protéger mais lorsqu’elle est en activité ! Là, à 20h, en plein milieu de la ville, avec ses amis, elle se sentait en sécurité ! Elle n'a pas forcément pensé à regarder devant, derrière, à droite et à gauche car ce n'était que le début de la vague d’attentats… Je ressens de la colère et une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles ! J'ai parfois envie de m’arracher les peaux, d'en finir, de tout casser mais heureusement, nous sommes très entourés. Des centaines et des centaines de personnes sont venues nous voir. Des inconnus des quatre coins du pays se sont déplacés juste parce qu'ils avaient envie de me serrer dans leurs bras, de me donner des forces et me remercier d'avoir élevé une fille comme  Shirel car elle les a sauvés.

 

« Les terroristes étaient sur le point de commettre un des plus gros attentats de l'histoire d'Israël ! »

 

Vous a-t-on expliqué ce qui s’est passé exactement ?

Ceux qui ont abattu les terroristes nous ont révélé qu’ils étaient sur le point de commettre un attentat d'une ampleur phénoménale, un des plus gros de l'histoire d'Israël ! Qu’ils se dirigeaient vers le restaurant situé à l’angle de la rue où des centaines de personnes étaient attablées et qu’ils avaient des milliers de cartouches sur eux. Ils nous ont aussi dit que ma fille avait agi selon tout ce qu'elle avait appris à Magav [police aux frontières israélienne] : elle s'est mise sur leur chemin et s’est volontairement sacrifiée pour empêcher que les tueurs arrivent au coin de la rue ! Ma petite fille a donné sa vie pour sauver des centaines d’israéliens ! D’après eux, elle n’a pas souffert. Grâce à Dieu. Mais je n’ose même pas imaginer ce qu’elle a ressenti sur place ; cela me fait trop souffrir ! Elle avait beau exercer dans une des plus importantes unités de police, pour moi, elle restait mon bébé !

Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»
Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»
Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»

Vous vous souvenez des derniers échanges que vous avez eus avec elle ?

Bien sûr, elle et son frère étaient à la maison pour shabbat. On a beaucoup parlé et ri. Comme Shirel repart à la base très tôt le dimanche matin donc on se dit au revoir la veille au soir. Et c'est vrai que cette fois ci, elle m’a serrée fort pendant au moins cinq minutes sans me lâcher. Elle m’a fait plein de bisous fort fort fort et je lui ai dit « Mais qu'est-ce que tu as chérie ? »  Elle m’a répondu : « Mais rien maman, je t'aime » Et j’ai ajouté : « Mais moi aussi mon amour je t’aime, tu le sais ! Fais attention à toi ma vie, que Dieu te protège et tiens moi au courant ! » Avec le recul, je me dis que peut-être, elle sentait quelque chose…

 

Vous pensez qu’elle pressentait ce qu’il allait lui arriver ?

Je ne saurais expliquer. Plein de petites choses me font penser cela. Par exemple, deux de ses meilleures amies ne se parlaient plus et deux semaines avant qu’elle parte, elle leur a monté un coup pour qu’elles se rencontrent et se réconcilient ! Comme si elle savait qu’elles allaient avoir besoin l’une de l’autre ! De même, elle avait un petit ami depuis quelques temps et elle a rompu avec lui deux jours avant le drame ! Ils ne se voyaient qu’une fois par mois et elle lui avait dit : « Je n'ai pas de temps à consacrer à ma famille, je n'aurais pas de temps à te consacrer et tu ne le mérites pas ! » Là aussi, on dirait qu’elle a fait en sorte de minimiser sa peine. Mais il était effondré quand il a appris la nouvelle. Il lui avait offert un petit collier qu’elle portait sur elle au moment du drame.

 

Quelle relation entreteniez-vous avec votre fille ?

On avait un lien très spécial, elle, moi et son frère. Etant divorcée, je me suis débrouillée seule et mes enfants ont toujours été très reconnaissants. Ils ont toujours été aussi très câlins. Il n’y a pas un jour où on ne s’embrasse pas. Tous les matins, mon fils m’envoie « Boker Tov Haïm Sheli » ou « Layla Tov » avec des cœurs. Il n’a que vingt-trois mois de plus que sa sœur donc on les prenait toujours pour des jumeaux, d’autant qu’ils étaient fusionnels.

Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»
Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»
Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»

Comment pouvez-vous décrire Shirel ?

Depuis toute petite, elle adorait chanter, danser… Elle était toujours souriante, pleine de foi. Elle demandait à Hachem de lui envoyer un signe quand elle avait besoin de quelque chose. Aussi, elle était toujours là à nous réconforter, à nous soulever si on avait des coups de mou. C'était notre rayon de soleil ! J’ai passé des choses pas faciles dans ma vie et parfois, elle était là à me remonter le moral en me disant « regarde tout ce que tu as réussi à faire ! On a manqué de rien, tu nous as tout donné ! » Shirel a toujours été très mature. Parfois, je me demandais si j’étais en train de parler avec ma fille, ma mère ou une amie…

 

« Elle voulait faire carrière dans l’armée et devenir enquêtrice »

 

Vous étiez en quelque sorte une maman copine ?

Complètement ! D’ailleurs, elle a fait sa première discothèque avec moi ! Pour ses 19 ans, elle voulait à tout prix y aller. Elle a tellement insisté que j’ai accepté. Du coup, elle voulait tout le temps qu’on aille en boîte de nuit ensemble ! Pour ses petites histoires de cœur, elle me demandait aussi conseils. Jusqu’à récemment, elle ne s’intéressait pas trop aux garçons mais aux études. D’ailleurs, elle a eu son bac avec mention très bien. Elle disait qu’avant de se marier, elle voulait faire carrière dans l’armée, étudier et devenir enquêtrice. La première fois qu’elle a réellement eu un petit ami, c’était il y a quelques mois. Elle me racontait tout. On était très complices. Je préfère être une maman cool plutôt que mes enfants fassent des choses derrière mon dos ! J’étais seule à les élever, ils auraient pu faire des bêtises mais au contraire, j’ai vraiment eu la chance d’avoir de gentils enfants !

 

D’après les témoignages, Shirel semblait être en effet une fille exemplaire…

Elle était toujours prête à aider les autres, à donner de son temps… Pendant la Shi’vah, des tas de filles du lycée sont venues me voir à la maison pour me dire qu’elles avaient eu leur bac grâce à Shirel ! C’était l’année du Covid, elles voulaient tout arrêter et ma fille ne les a pas lâchées. Elle les aidait à étudier par Facetime ! De même, avant-hier, j’ai découvert que tous les jours, elle demandait au petit éthiopien qui nettoie la rue devant chez moi comment il allait, qu’elle lui apportait du café et des petits gâteaux ! Son directeur d'école m’a confié que pendant deux ans, elle venait plus tôt le matin pour préparer des sandwichs pour les nécessiteux qui venaient à l’école sans goûters. A l'armée pareil, au lieu de se reposer après ses arrestations, elle voulait à tout prix aider sa commandante à faire de l’administratif. Et que cette dernière le veuille ou non, Shirel ne bougeait pas de son bureau ! En plus de tout ça, elle me demandait toujours des recettes pour leur faire tous à manger à la base ! Elle leur faisait des boulettes, de la bolognaise… Elle cuisinait tellement bien que tous les shabaths, ils hésitaient même à la faire sortir ! Sans oublier qu’elle a poussé tous ceux de sa classe à être combattants. J’ai reçu une tonne de témoignages qui me disent que Shirel était un exemple pour la jeunesse. Ma fille a toujours été bienveillante et positive avec nous mais je ne savais pas qu’elle l’était aussi avec les autres. A l’armée, ils étaient effondrés quand ils ont appris la nouvelle.

 

Pourquoi voulait-elle s’engager dans l’armée ?

Nous avons fait l’Alya en 2006, Shirel n’avait que 3 ans. Elle a grandi en Israël et pour elle et son frère, il était hors de question de ne pas faire l’armée. Quand elle était petite, elle disait qu’elle voulait être chirurgienne mais dès l’adolescence, elle a commencé à entendre parler des unités… Et elle me disait « Maman, ce sera Magav ou rien ! » Elle était déterminée. En moins d’un an à l’armée, elle a réussi à toucher à tout et à marquer tout le monde. Ils ont tous une histoire à raconter avec elle. C’est inexplicable. Ils ont vite remarqué qu'elle était différente donc ils l’ont poussé à être commandante. Elle a réussi l’examen mais elle a repoussé l’échéance car elle avait envie de vivre un peu le terrain.

 

Shirel était parfaitement intégrée à la société israélienne ?

Totalement ! Elle s’exprimait plus en hébreu qu’en français. D’ailleurs, elle parlait le français en traduisant littéralement l’hébreu, avec un accent… Parfois, elle nous sortait des expressions, on était mort de rire ! Même entre nous, on se parlait et s’écrivait en hébreu. Sauf lorsqu’on ne voulait pas que les autres comprennent. Toutes ses copines étaient israéliennes… Shirel était une vraie israélienne tout en ayant gardé une éducation à la française.

« C’est devenu la fille de tout Israël mais moi, c’est mon bébé qu’on m’a arraché ! »

 

Lorsque vous entendez dire qu’elle est une héroïne pour le pays, cela apaise-t-il un tout petit peu votre peine ?

Concrètement, j'aurais préféré qu'elle reste ma petite fille et qu'on continue à vivre comme on le faisait tous les trois, avec son frère. Je suis fière d’elle et je l’ai toujours été. Mais moi, la seule chose que je vois c’est que mon enfant est partie ! Certes, en héros ! C'est beau parce qu’elle a empêché la mort de centaines et centaines de victimes. C’est devenu la fille de tout Israël mais moi, c’est mon bébé qui me manque, elle était tout pour moi ! On m’a arraché ce que j'avais de plus cher au monde ! Donc non, qu’elle soit partie en héros n’apaise pas ma douleur ! C’est encore trop frais.

 

Vous auriez préféré que sa photo ne circule pas partout sur les réseaux sociaux ?

Je ne me suis même pas connectée sur Facebook depuis que c’est arrivé hormis pour répondre aux milliers de messages de soutien que j’ai reçus. Mais cela ne m’ennuie pas. Ma fille avait un visage d’ange… Elle adorait se prendre en photo. Même à l’armée, à chaque fois, elle m’envoyait un message accompagné d’un selfie. Comme si elle voulait nous laisser des milliers de souvenirs. Quand je repense à son beau sourire avec ses fossettes. Mon amour… Elle était si belle. C’était ma princesse !

Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»
Déborah Aboukrat : «J'ai une douleur intense et inexplicable dans mes entrailles!»

La foi vous aide à tenir ?

Un peu. Je ne sais pas, c'est inexplicable. En fait, j'ai l'impression que c'est elle qui me porte et me donne la force. Vraiment. Des centaines et des centaines de personnes sont venues me voir et j’aurais pu en avoir marre. Mais au contraire. Cela me fait du bien. Parfois je me surprends à sourire en me remémorant des expressions bien à elle, ses petites grimaces, ses mimiques du visage… Je la sens. Je sais qu’elle m’aide. Qu’elle s’est inquiétée de tout. En un rien de temps, son équipe de Magav était là. Ils ont rempli ma maison de tout ce qu’il nous fallait matin, midi et soir. Ils ont fait en sorte qu'on ne manque de rien, Ils ont réparé des problèmes de lumière que j’avais depuis des mois… Avec le recul, je comprends pourquoi ma fille voulait à tout prix intégrer Magav. Ils sont exceptionnels. Ils ne nous ont pas lâchés depuis le début !

 

Vous avez des difficultés financières ?

Pendant très longtemps, j’étais indépendante dans l'immobilier. Il y avait des hauts et des bas mais je m’en sortais. Après il y a eu le Covid et j'ai passé une période très difficile. Je n’ai plus eu de rentrées d'argent pendant six mois. Shirel savait que ces derniers temps étaient durs, que j’avais plein de crédits alors elle ne voulait même pas que je lui offre un cadeau pour son anniversaire. Je lui ai quand même achetée une Apple Watch, à prix coutant grâce à un ami, pour qu’elle puisse voir nos messages à l’armée. Elle a pleuré quand elle a ouvert mon paquet. En fait, j’ai l’impression que de là où elle, elle m’aide à ne manquer de rien. Cela me rend folle. J’aimerais tellement qu’on ne me donne rien mais qu’on me rende ma petite fille !

 

« Quand je pense qu’on ne va plus pouvoir faire nos petits câlins, cela me rend dingue ! »

 

Ça vous arrive parfois de regretter d'avoir fait la Alya ?

C’est bien ça le problème… J’ai fait l’Alya pour que mes enfants grandissent en sécurité, qu’ils puissent s’épanouir en Eretz et au final, c’est ici qu’on me prend ma fille ! C’est très dur à accepter ! J’essaie de ne pas rentrer dans la culpabilité sinon je vais devenir folle ! Plein de choses me passent par la tête. D’un côté, je sais qu’elle est là, avec moi. Je la sens. Mais d’un autre côté, quand je pense qu’on ne va plus pouvoir s’embrasser, faire nos petits câlins, nos petites bêtises… Que je ne vais plus pouvoir serrer mon bébé dans mes bras, l’entendre, lui parler, la voir, la sentir… cela me rend dingue ! Je n’arrive pas à croire que ça s’arrête là !!!

 

Bénéficiez-vous d’un suivi psychologique avec Magav ?

C’est prévu pour chacun de nous. Une personne de chez eux m’a dit « Ne te projette pas dans le futur, vis heure par heure, jour par jour… » Dès que je songe à un peu plus loin, j’ai un haut le cœur, j’ai envie de tout casser alors vite, je me remets dans le présent. J’essaie de ne même pas penser, de me convaincre que Shirel est à l’armée. C’est très dur. J’ai promis à mon fils d’être forte mais je ne sais pas comment je vais y parvenir. J’ai perdu mon papa il y a quelques années et je croyais que c'était le pire qui puisse m'arriver. Plus les années ont passé et plus le manque était grand alors je me dis qu'est ce qui m'attend ?!! Si j'ai ressenti ça pour mon papa, là je vais devenir folle !

 

Cela vous aide de parler d’elle ?

Ce qui me fait tenir, c’est de la faire vivre à travers nos souvenirs. C’est comme si elle était encore en vie. Mais le plus dur est lorsque j’allume les Nérot de shabbat. D’habitude, après les avoir allumés, je prie dans ma tête pendant cinq minutes et je demande à Hachem que mes enfants soient en bonne santé jusqu’à 120 ans. Je fais toute une série de bénédictions pour eux. Et là d'un coup, shabbat dernier, j’ai eu un gros coup de panique. J’ai regardé mon fils et je lui ai demandé en éclatant en sanglots : « Je suis sensée dire quoi là ? ». Il y a des moments comme ça où je craque et puis je me reprends pour mon fils parce que cela le déchire. Je suis obligée de rester forte pour lui !

Propos recueillis par Vanessa Attali

Vous pouvez aider la famille de Shirel en faisant un don sur : 

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 17:32
Paris-Match : La veuve d'un otage tué témoigne
Paris-Match : La veuve d'un otage tué témoigne
Paris-Match : La veuve d'un otage tué témoigne
Paris-Match : La veuve d'un otage tué témoigne
Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 16:38
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Paris-Match : Enquête Prise d'otages Vincennes
Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 13:59
VSD/L'APRES ATTENTAT- Les dernières paroles d'un père
Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 13:32

http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Pour-moi-c-est-le-Chabbat-qui-nous-a-sauves-693106

Partager cet article
Repost0
11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 13:22
Partager cet article
Repost0
26 octobre 2013 6 26 /10 /octobre /2013 16:54

paris-match-0064.jpg

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 22:00

article-paris-match.jpg

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 22:00

paris-match-0061.jpg

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 22:00

paris-match-0065.jpg

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Vanessa Attali
  • : Après une Maîtrise d'Histoire à la Sorbonne, des études de journalisme au CFPJ et quelques expériences professionnelles au sein, entre autres, d'Actualité Juive et de Nice-Matin, Vanessa Attali a très vite intégré l'équipe du journal Le Parisien. Elle a ensuite travaillé pour le quotidien national France-Soir où elle est devenue responsable de la chronique judiciaire puis des pages culture-télé. Par la suite, Vanessa a exercé pendant de nombreuses années en tant que journaliste indépendante pour divers magazines tels que Paris-Match, VSD, L'Express, le Point... Gala, Télé-Loisirs, TV Hebdo, France-Dimanche, Ici-Paris, Closer, Public... Collaborant avec des photographes, caméramen et journalistes, elle a alors monté "Press'Systèmes", une petite agence de presse au service des gros groupes de presse français tels que Lagadere-Active, Prisma-medias, Mondadori-France, L'Express Roularta, France-Antilles... Enfin, Vanessa Attali a monté son propre média intitulé 2 Gather TV, une chaîne dont elle est productrice et Rédactrice en chef.
  • Contact

Recherche

Liens